jeudi 25 juin 2015

Daredevil saison 1 : les super-vilains sont-ils enfin totalitaristes ?

On a rendu justice au personnage de Daredevil au travers d'une adaptation en websérie (osez donc me contredire sur ce choix de terme !) vachement sympa et vachement mal diffusée. Semi-surprise : la star du show, c'est Wilson Fisk, le méchant de l'histoire.

Sûrement le rôle le plus profond de la carrière de Philippe Etchebest...

Là où la caractérisation du personnage devient vraiment intéressante, c'est que malgré des actions affreuses, il n'est officiellement un "vilain" que vers la toute fin de la saison. Pourtant, avant cela, on le voit déjà tuer, frapper, menacer, mentir... Mais ça, le héros de l'histoire le fait aussi (c'est par un coup de bol surréaliste qu'aucun méchant ne meure sous ses coups).
Ce qui va vraiment rendre cette version de Wilson Fisk toxique et maléfique, c'est son idéologie répugnante, qui pourrait aisément être résumée comme du totalitarisme à tendance fasciste. Et ça, c'est intéressant ! Parce qu'on est en 2015, que les comics de super-héros existent depuis les années 30, qu'ils ont donc traversé la Seconde Guerre Mondiale et que, pourtant, les justiciers masqués commencent à peine maintenant à affronter les fascistes, nazis, racistes et totalitaristes de toutes sortes.

Wilson Fisk, c'est le totalitarisme dans sa version la moins nuancée : il méprise les pauvres et souhaite tous les brûler dans le but "d'améliorer" le voisinage, tout en se plaçant au centre de ce "projet d'assainissement", tel un sauveur.
Si ce genre de façon de penser puantes n'a rien de nouveau du point de vue historique, c'est assez inédit dans le petit monde de nos super-héros.
Explications...

"Et ça ?! C'est pas un nazi, peut-être ?"

Je vous entends d'ici hurler "Captain America, Superman, Namor etc. combattent les nazis depuis les années 40 !", et vous avez parfaitement raison : effectivement, les super-héros affrontent de temps en temps quelques vilains arborant des croix gammées et hurlant régulièrement "hail Hitler", et parfois même Hitler lui-même ! Ces méchants ont l'uniforme, l'accent allemand, les répliques clichés, la gestuelle... En revanche, les auteurs semblent s'être astreint à éviter au maximum d'aborder l'idéologie de manière frontale.
Concrètement, que sait-on de l'idéologie nazie dans l'univers Marvel, par exemple ? Quelques éléments/indices ont été chuchotés par ci, par là, mais jamais concrètement, jamais argumentés et, surtout (c'est là le plus grave), jamais contredits. Ce côté "dilué" se retrouve, par exemple, dans le film Captain America : The First Avenger, dans lequel le vilain Crâne Rouge n'est nazi que pendant le premier quart d'heure du film, avant de totalement se détourner de ses généraux. Au final, c'est à peine si le Captain affronte le moindre nazi pendant toute la seconde guerre mondiale...
Dans le même ordre d'idée, l'idéologie des membres de l'Hydra (sensés être la relève des nazis) est si mal définie qu'elle paraît changer d'un membre à l'autre (jetez un oeil à la série TV Marvel's Agents of SHIELD pour vous en convaincre). C'est bien beau (et bien normal) que les totalitaristes soient dépeints comme les méchants de l'histoire, mais ne faudrait-il pas rappeler pourquoi ?

"Exterminer les minorités sociales, c'est tellement plus fun que conquérir le monde !"

Afin de clarifier la suite de ma théorie, je précise que j'emploie le terme de "Fascisme" au sens large : toute idéologie allant dans le sens d'un système politique nationaliste et totalitariste opposé à la démocratie et aux droits individuels dans le but de gommer les luttes des classes, où le pouvoir est détenu par un ensemble unique et maintenu par la force, l'oppression et parfois la terreur. Le tout saupoudré de hiérarchisation des individus, de culte de la personnalité et de paranoïa liée à "l'ennemi commun/interne"... Bref, vous voyez le tableau.
J'ajoute aussi que je fais volontairement l'amalgame entre les comics de super-héros et leurs adaptations. Ce qui compte ici, c'est le mythe et l'image de société qu'il nous renvoie, peu importe le support.

Je suis donc parti de l'exemple de Wilson Fisk dans la websérie Daredevil, car il paraît symptomatique d'un nouveau phénomène (de mode) : la figure du super-vilain mégalomane se mute petit à petit en super-facho. Il était temps !

Quelques exemples pour appuyer mon propos :
- Dans le film Batman Begins, Ra's voulait larguer une neurotoxine dans les quartiers les plus "corrompus" de Gotham, dans l'espoir de "nettoyer" la cité de la même façon que Néron pour Rome. Dans cette version, la ligue des assassins s'attribue d'ailleurs le sort de Rome, de Babylone, de Constantinople... Ici, on retrouve l'idée de mettre fin à la lutte des classes en supprimant les plus pauvres de manière terroriste et/ou génocidaire, à laquelle s'ajoute des méthodes d'endoctrinement basé sur le culte de la personnalité de Ra's.
- Dans la première saison de la série TV Arrow, le vilain Malcolm Merlyn utilise une machine à tremblements de terre pour "mettre à niveau" le quartier des Glades. L'idée est ici exactement la même : massacrer les pauvres, les faibles et les minorités, qui sont accusés de tous les maux.
- Même dans le film Man of Steel, l'idéal rêvé par l'armée de Zod est l'extermination des "races inférieures". Ici, le message pourrait être brouillé par le fait que Zod est extra-terrestre, mais comme l'histoire est racontée du point de vue d'un membre de son peuple, l'aspect conservateur et réactionnaire demeure dominant.
- On retrouve aussi l'idée de "la peur de l'ennemi interne" dans Captain America : The Winter Soldier, où elle est sensée justifier une politique hyper-sécuritaire et liberticide. Problématique qui sera sans doute encore développée dans Captain America : Civil War.

Progressivement, on s'éloigne de la figure clichée du vilain sans vraie idéologie, assouvissant au mieux une vengeance personnelle, en faveur de quelque chose de tristement plus réaliste : le totalitariste. A une époque où des versions de plus en plus pernicieuses de ces "modes de pensée" semblent à nouveau faire son bonhomme de chemin dans la société et la politique, est-ce que les super-héros ne se donneraient pas enfin un rôle qui semblait taillé pour eux : celui de donneur d'alerte ?

samedi 2 mai 2015

Age of Ultron : Scarjo stérile, un drame pour l'espèce humaine

Avengers : Age of Ultron était si attendu qu'il a suscité des débats avant même sa sortie (et ça fera l'objet d'un prochain article), mais loin de s'interroger sur le rythme, le format ou même l'image, les conversations les plus houleuses concernant le film -maintenant que tout le monde l'a vu- tournent autour d'une séquence précise.

Et vous savez parfaitement de quelle séquence je parle parce que, vous aussi, elle vous a perturbé : la scène de la petite maison dans la prairie.
Sans trop vouloir me forcer à planter le décors (si vous n'avez pas vu le film, ça m'étonnerait que vous lisiez cet article...), je vous rappelle simplement le contexte : après tout un tas de bagarres et de la torture psychique bien sentie, l'équipe est discréditée et part se planquer dans la jolie ferme de Hawkeye. Ce dernier personnage sautant sur l'occasion pour gratter un peu de profondeur émotionnelle...


Colère ! Indignation ! Interrogation... On a même créé un tumblr hommage à cette fichue ferme ! Le moins qu'on puisse dire, c'est que le gros du public n'est pas content du tout !

Eh bien, comme souvent, le gros du public a tort. La séquence de la jolie ferme, c'est la meilleure séquence du film...

Enfin... La "meilleure"... A égalité avec tous les passages où la Vision apparaît pour crever l'écran, bien sûr.

Voici, passés en revue, les arguments de la plèbe contre la séquence de la jolie ferme, et les réponses que j'y apporte :

- "Les activités de ferme, c'est pas super-héroïque" : Superman est fermier.

Et il vous emmerde.

- "On ne regarde pas Avengers pour voir ça" : dans ce cas, peut-être devriez-vous vous tourner vers Fast & Furious 18... Pour rappel, en dehors de la séquence du dernier quart d'heure, le premier Avengers, c'était quasiment que des dialogues. Avengers, c'est Ocean's Eleven version super-héros puisque tout l'intérêt repose sur la façon dont ces personnages hétéroclites vont fonctionner ensemble ! A partir de là, il n'est pas étonnant que, comme dans Ocean's Eleven, ils passent les trois quarts du film à se dire bonjour de manière virile... Pas d'arnaque, donc...

- "Le rythme était lent" : non, il ne l'était pas, les dialogues étaient savamment découpés et les cinq petites scénettes s'enchaînaient sans peine. Nulle besoin d'explosion pour créer du dynamisme ! Cela devrait être évident, mais autant le répéter une fois de plus : on s'intéresse à une histoire parce qu'on s'inquiète pour ses personnages, pas parce qu'elle nous impressionne. Prendre le temps de respirer et de s'interroger sur leurs motivations et craintes est donc une étape nécessaire de la narration.

"- Qu'est-ce que je me suis fait chier devant la scène à la ferme, dans Avengers 2 !
- Pareil, Francis. Je déteste les pauses dans les trucs d'action... C'est pour ça que j'adore GOT !"

- "Ils font ça que pour que Hawkeye ait l'air intéressant" : effectivement, mais aussi pour que, en vertu des clichés de film de guerre qu'on connait tous, on s'attende à ce qu'il meurt au combat. Ou aussi, sans doute, pour donner l'épaisseur dont le personnage manquait dans le premier film (à cause de cette histoire de contrôle mental), histoire qu'on s'attache à lui... C'est amusant cette mode d'estimer que toutes techniques de narration correspond à de la fourberie. C'est comme ça qu'on raconte des histoires, les mecs... Faites pas les mijaurées !

- "La conversation entre Stark et Rogers est trop bête" : suivi de "bien sûr qu'il faut rester éthique dans la course à l'armement ! Si ces deux là savaient pas ça, ce sont des benêts !" Une fois encore, je ne suis pas d'accord avec ces commentaires... Le thème du film n'est pas la sécurité, ou la course à l'armement, ou bien même l'éthique scientifique... Non, le thème du film est l'héritage !

Et c'est là, je crois, la nature profonde de cette séquence : nous montrer le rapport de chaque personnage (et nous-même au travers car, oui, une bonne fois pour toutes, ce ne sont que des archétypes, porteurs des émotions et motivations qu'on veut bien leur prêter) à l'épineuse question de l'héritage, sous toute ses formes (si vous avez oublié comment cette phrase commençait, relisez la en sautant l'énorme parenthèse)...
1°) Pour Hawkeye, on parle d'héritage de la manière la plus "classique" : son héritage, ce sont ses deux enfants et celui à naître, son épouse et sa jolie ferme. On voit que c'est ce qui compte le plus pour lui, sans même qu'il n'ait à le hurler sur les toits. C'est pour ça qu'on a inventé cet aspect du personnage (absent de la version d'origine), et aussi parce que les super-héros n'ont jamais tout ça.
2°) Pour Thor, c'est l'héritage royal et les responsabilités politiques qu'il a refusés en quittant Asgard. Dans sa scène de flashback (malheureusement abusement tronquée au montage), sa crainte que sa décision entraîne la disparition de son peuple se manifeste clairement.  Il pose la question de la dimension parfois non désirée de l'héritage (on parle ici de celui qui lui incombe, et non pas de celui qu'il laissera derrière lui), des racines et des traditions...
3°) Pour Captain America, on parle tout simplement d'absence d'héritage. Il va de désillusion en désillusion (son pays n'est pas ce qu'il croyait, le SHIELD n'est pas ce qu'il croyait, les Avengers ne sont pas ce qu'il croyait...) et réalise que le symbole qu'il pensait incarner ne vaut plus grand chose. Cette dernière angoisse, d'ailleurs, ne bénéficiera d'aucune résolution à la fin du film. Le personnage finit simplement par abandonner aussi bien ses rêves de grandeur que personnels et se noie dans sa fonction terre à terre.
4°) Pour Iron-man, il s'agit plutôt d'héritage intellectuel. Ses inventions, ses choix, ce qu'il bâtit, et la façon dont cela influencera le monde de demain. Mais face à cette question, Tony Stark n'est pas une personne, c'est l'humanité : améliorer quelque chose ne compte plus, il faut tout améliorer. Ce questionnement ouvre à celui des conséquences de nos actes et du potentiel humain. Et la dimension personnelle de l'héritage de Stark ne sera évoquée qu'à l'occasion de quelques blagues (la "ferme à Pepper").
5°) Pour Hulk, on observe un croisement entre les problématiques de Captain America et celle d'Iron-man : Banner est trop rodé à la déception pour tenter de bâtir quoi que ce soit, mais considère tous ses actes à l'échelle de l'espèce humaine toute entière, tout en ajoutant la notion d'autodestruction personnelle (il est admis depuis le premier film qu'il a tenté le suicide au moins une fois). Il n'est alors pas anodin non plus que le personnage s'avoue incapable d'enfanter et, plus révélateur encore, que ça le conduise à estimer qu'il n'a donc "rien" à offrir. Certes immature, la façon dont l'angoisse de ne pas être à la hauteur et la culpabilité se mêlent apparaissent plutôt réalistes.
6°) Enfin, c'est la manière dont Black Widow s'exprime par rapport au thème qui a, le plus, soulevé la polémique. On en parle juste en dessous...

Quoiqu'il en soit, et comme pour illustrer toutes ces idées, tous les autres personnages gravitant autour de l'équipe sont eux-même des héritages : Ultron est "l'enfant" de Stark, Vision est celui d'Ultron, les Maximoff incarnent la nouvelle génération...


- "Black Widow compare la stérilité à de la monstruosité, c'est sexiste" : Et ça, qu'est-ce que ça a énervé tout le monde ! La raison ? Il s'agit du seul personnage féminin important au sein de l'équipe et que les nouveaux aspects de son histoire apportés par le film sont de loin les plus sombres : Black Widow a donc été cruellement stérilisée contre son gré par les sociopathes qui lui ont tout enseigné. Elle en souffre et croit que cela la rend "monstrueuse".
Petite précision : bien sûr qu'en aucun cas la stérilité ne peut être considérée comme de la monstruosité, ni même comme un défaut ! Dans la vraie vie, et avec des gens intelligents, tout le drame qui se joue entre Romanov et Banner aurait pu être réglé en un seul mot : "adoption" (seul aspect de l'héritage qui n'est jamais abordé dans le film). Mais si les personnages de fiction étaient en paix avec toutes leurs névroses et traumatismes, ce serait... Terriblement ennuyeux. Et que le film ne fournisse pas de réponses toutes faites à plusieurs de ces interrogations est plutôt une force.
Je perçois donc cette fameuse réplique non pas comme le propos du film, mais uniquement comme le ressenti d'un personnage ! Une culpabilité mal placée qui, malheureusement, est sans doute bien connue par de nombreuses personnes dans ce même cas de figure (enfin, à peu près, sans la partie services secrets russes)...
Et je trouve ça plutôt bien, et même assez incroyable, qu'un sujet aussi sinistre et déprimant ait fait son bonhomme de chemin jusqu'à la version finale du film, diffusée en salles.

Non, ce n'est pas un film sur les abus de Photoshop, mais bien sur l'héritage, la stérilité, le transhumanisme et le poids des traditions.

...MAIS...

Néanmoins, il est effectivement dommage que l'intrigue principale de l'héroïne du film tourne autour de son utérus. Il est aussi dommage que les Avengers ne compte qu'une femme dans leurs rangs (ça s'améliore dans la suite ! On en aura... deux...) et qu'on ne lui épargne aucun des poncifs que Whedon avait si bien su lui épargner dans le premier film : elle pleure, elle est plus concentrée sur son intrigue amoureuse que sur le robot génocidaire, son utérus la travaille... Elle parvient même à réaliser l'exploit d'être le seul personnage à se faire capturer. Et pour de bon, en plus ! Dans une cage à barreaux, et tout, jusqu'à ce qu'elle soit secourue par son homme !

Bref, il reste du chemin à faire bien que cette Black Widow est très loin d'être mal écrite. Sans déconner. Sérieux.

Liste des arguments en faveur de la scène de la jolie ferme impossibles à contredire :
- Linda Cardellini.


mardi 21 avril 2015

L'O.T.P. expliqué aux grands : apprendre à shipper quand on a plus de 20 ans

Je suis inscrit et actif sur Tumblr.
Ce qui implique que je comprends vaguement l'anglais, que je tolère extrêmement bien les photos de Beyonce, que je suis bien (trop) informé sur les inégalités sociales que vit... Tout le monde, et surtout que je suis à présent familier au concept d'O.T.P.

Attention : cet article contient de nombreux termes créés et utilisés principalement par la génération des 12-14 ans inscrits sur Tumblr. Votre vie sera meilleure tant que vous ne les comprendrez pas.

Je vais tenter, du mieux que je peux, d'expliquer dans un ordre les différents termes utilisés dans le cadre de la pratique de l'OTP, afin que, vous aussi, vous puissiez exprimer toute votre sensibilité dans ce merveilleux univers.

I) Fandom :

Le terme "Fandom" englobe à la fois :
1°) La communauté d'individu partageant une même passion/adoration pour une oeuvre/personne. Ex : les fans de Dragon Ball ou encore ceux de Joséphine Ange Gardien.
2°) La production, voir la culture, développée par cette communauté, directement inspirée par la passion qui les rassemble.

Parmi les fandoms les plus populaires (entendez : comprenant de nombreux membres et une production massive), on compte ceux de Doctor Who, de la série télé Sherlock, ou encore de Harry Potter...

Ex : Le Fandom du Front National.

II) Fanfiction/Fanarts :

On l'a dit, les fans qui estiment faire partie d'un fandom sont productifs. Afin d'exprimer au mieux leur passion, il vont théoriser, analyser et créer en l'honneur de l'objet de leur intérêt !
On pourrait classer les productions de fans dans diverses catégories, dont voici quelques exemples :

- Les Fanarts : des dessins, peintures, montages photos, tout simplement.

- Les Fanfictions : des histoires (généralement mal) écrites par les fans et mettant en scène les personnages aimés. De nombreux poncifs de la fanfiction existent et feront l'objet de prochains articles.

- Les "confessions" : avouer un point de vue vaguement honteux sur l'objet d'adoration (Ex : "j'ai toujours trouvé que Bulma est le vrai personnage principal - DragonBallConfessions")

- Les Memes : tourner en dérision les personnages à des fins humoristiques (NB : Le profane pourrait croire que toutes les oeuvres de fandoms sont parodiques. Il n'en est rien !)

- Les FanTheories : analyse d'oeuvre et théories sur des éléments futurs ou passés sous silence de l'oeuvre en question (Ex : "La mère de Jon Snow est Peggy Carter parce que...")

- Les débats : parfois houleux, mais le coeur du fandom. Débattre de quel personnage est le meilleur, de la véritable signification de telle réplique ou telle scène...

- Les OTP : on explique ça plus bas...

Ex : débat typique au sein d'un fandom.

III) OTP ("One True Pairing") :

OTP est le terme qui désigne la conduite consistant à révérer une relation amoureuse réelle ou fictive entre deux personnages réels ou fictifs.

Lorsqu'on a choisi son OTP préféré, on dit qu'on "ship" cette relation, la relation en elle-même étant généralement désignée par la contraction des noms ou prénoms des personnages impliqués.
Il s'agira ensuite d'argumenter la légitimité et la supériorité de son OTP auprès du reste du fandom.
Pour ce faire, toutes les productions citées précédemment peuvent être et seront utilisés : dessins (parfois pornographiques), fanfiction (souvent à l'eau de rose) etc.

Quels sont les règles à connaître pour bien shipper un OTP ?
Il n'y en a aucune ! Tout est possible !
Vous pouvez, bien sûr, shipper un OTP qui s'avère être "canon", c'est-à-dire confirmé par la source d'origine (contrairement à la plupart des OTP qui sont, au mieux, vaguement corrélés par des éléments discrets de l'oeuvre originale).

Ex : Marouis Leliot

Vous pouvez aussi imaginer un OTP qui ne soit pas canon, mais qui vous fait rêver, car vous trouvez que les protagonistes ont une dynamique intéressante. C'est là le type d'OTP le plus commun.

Ex : Marain Leral

Surtout, ne vous sentez pas forcés de respecter les règles de convenances imposées par la société ! Un OTP peut tout à fait être homme-homme ou femme-femme, quand bien même les personnages seraient tous deux exclusivement hétérosexuels.

Ex : Dieudopen

Si vous êtes du genre hard core, vous pouvez aussi inventer des couples dont les membres font partie d'une même famille. Selon le fandom, ça passe...

Ex : Jean-Marine

Ou bien même à la fois homosexuel et incestueux...

Ex : Marione

L'important, c'est d'exprimer ce qu'on a au fond du coeur, et de ne pas hésiter à user et abuser d'une iconographie mignonne (l'usage du mot "Senpaï" est fortement conseillé) !


Amusez vous bien !

Game of Thrones : historique des intrigues en carton

Le Trône de Fer, saison 5, c'est parti. Le public, haletant, n'en pouvait plus d'attendre ! Il faut dire qu'il tardait à vos collègues de bureau de connaître le sort de "la meuf à poil avec les dragons", "du nain", de Jon Snow et de "l'autre, là, je sais plus s'il est mort ou pas"...

Game of Thrones réalise l'exploit de mobiliser dans le monde entier des fans fidèles sans pour autant parvenir à leur faire retenir les noms de plus de trois personnages et lieux.

De ce constat, une question naît : qu'est-ce qui les fait tenir ? Que reste-t-il d'une série basée sur sa riche mythologie une fois qu'on enlève la mythologie ? De l'aveu de nombreux fans, même l'aspect "politico-miliraire" ne les intéresse que peu. Alors quoi ?
GOT, il faut l'admettre, c'est beau : l'image est belle, les acteurs sont beaux, les décors sont beaux (enfin, ceux qui sont utilisés et réutilisés depuis la saison 1, à l'époque où les temps de production étaient à la hauteur des ambitions de la série)... GOT, c'est au moins joli à regarder.

Bon, ce décor là m'avait bien fait rigoler, j'avoues.

Mais l'image, les gens s'en tamponnent ! Ils regardent la série sur smartphones et tablettes, de toutes façons ! Non, ce qui les fait tenir, ce qui les pousse à en redemander, ce sont les moments chocs !

"ARGH ! Je meurs de manière pas du tout réaliste, et en plus tué par le seul personnage dont les gens se rappellent du nom !"

Trois ou quatre fois par saison, espacées parfois de cinq ou six épisodes, un personnage important (ou qu'on a -voulu- rendre important) subit un acte de violence atroce, et le spectateur se réveille en sursaut. Le sourire au lèvre et l'oeil qui frise, il sait qu'il aura quelque chose à raconter à ses collègues de bureau le lendemain...
Ce sont ces quelques scènes, même pas particulièrement longues, qui définiront des saisons entières de GOT. Tout simplement parce que ce sont celles dont on se souviendra...

"- Hé ! Tu as vu, hier, quand celui avec la barbe il a étranglé celle avec le nez ?
- Tu sais, Francis, moi je regarde surtout pour les dragons et les tétés..."

J'aimerai bien vous dire que les fans de GOT évoqués plus haut sont des idiots, qu'ils ne savent pas apprécier un riche programme fourmillant de bonnes idées, mais on en est loin ! La qualité de l'écriture a périclité pour, justement, favoriser ces moments choc, au détriment d'intrigues correctement construites et découpées.
Le découpage, c'est là la plus grosse faiblesse des récentes saisons de GOT. Là où les livres* s'astreignent à se concentrer sur le point de vue d'un personnage précis dans chaque chapitre, la série s'acharne à tous les faire rentrer dans chaque épisode, à grand coup de découpe arbitraire. A croire que la méthode d'écriture consiste à lister tous les événements de la saison, les ranger dans l'ordre chronologique, puis séparer en épisodes toutes les 50 minutes. Négligeant ainsi totalement une règle simple mais majeure de la fiction sérielle télévisée : chaque épisode doit raconter au moins une histoire complète.
Or, la présence de tous les personnages n'étant pas équitablement répartie dans le matériau d'origine, cette méthode entraîne deux abus majeurs :
- Une bonne intrigue respectant une unité de lieu, de temps et de personnage se retrouve fractionnée sur une saison entière pour faire de la place aux petits copains, alors qu'elle aurait parfaitement rempli un épisode spéciale.
- Certains personnages apparaissent quand bien même il ne leur arrive rien (c'est souvent le cas avec le personnage de Daenerys, tout particulièrement). Et c'est cela qui nous donne, chaque saison, des intrigues en carton.

Et une fois que vous vous êtes rendu compte de ça, c'est un tout nouvel univers de plaisir qui s'ouvre à vous ! Plutôt que de subir ces intrigues en carton, la lèvre inférieur pendante et l'oeil vide, amusez vous à les déceler, et les collecter !
Pour l'exemple, voici un petit florilège de quelques une des plus marquantes :

- Les lieutenants de Daenerys sèchent les réunions : peut-être la pire des intrigues en carton ! Tout un épisode à chercher ces deux glandus, qui étaient juste en train de faire un bras de fer !

- Les aventures 100% inédites de Ros la prostituée : Qui n'existe pas dans les livres mais seulement à la TV ? Ros la prostituée ! Qui compte bien faire carrière dans la prostitution ? Ros la prostituée ! Qui est décédée, sans que personne ne l'ait noté ? Ros la prostituée ! Ros la prostituée ! Ros la prostituééééééée !

- Tyrion et Varys se trouvent des surnoms : En regardant la ville/mer, les yeux plissés. Bref, ça glande, alors qu'il ont tous deux tant de responsabilités...

- La traductrice de Daenerys veut savoir si les mecs castrés gardent leurs zizis : "Mais pourquoi vous allez au bordel, si vous avez pas de zizi ? Et comment tu fais pour faire pipi ? Et est-ce que tu as quand même envie ?"

- Pod cherche à devenir un bon écuyer : Je sais, vous ne vous rappelez pas qui est Pod...

- Daenerys dit non à l'esclavagisme : Et c'est un peu son seul opinion sur quoi que ce soit. Voir son seul trait de caractère tout court.

- Jorah est dans la friendzone : Dans la première saison, la relation entre Jorah et Daenerys, c'était de la tension sexuelle. Puis c'est devenu un running gag affligeant...


- Littlefinger a un plan secret : En tout cas, il en a l'air ! Il ricane, il croise les doigts... Bon, on ne sait pas encore ce que c'est, mais ça viendra ! Un jour ! Peut-être !

- Theon se fait torturé par un show lesbien : Divisé en plein de petites scènes vulgaires sur 15 épisodes...

Vous aussi, amusez vous à en trouver !

Des contrats d'acteurs stipulant des apparitions dans chaque épisode, des temps de production devenus trop courts, une oeuvre d'origine pas si adaptable que ça, finalement, et un public qui rejette tout regard critique sur sa série favorite... Autant d'éléments qui nuisent à la qualité d'une série dont on se rappellera néanmoins les débuts novateurs, intelligents et surprenants...

Si jamais des fans dévoués mais objectifs savent manipuler les logiciels de montage vidéo, je serai curieux de voir ce que donnerait les saison 2, 3 et 4 avec un découpage plus proche de celui des livres : un épisode = un personnage. Je suis convaincu que ce serait beaucoup mieux.

Morale de l'histoire : messieurs les scénaristes de GOT, faites donc un spin-off sur Daenerys. De toutes façons, elle en vit déjà un.

*Oui, j'ai en partie lu les livres. Et oui, c'est probablement pour ça que je râle.

BONUS :



lundi 20 avril 2015

Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D. : une liste bien pratique de personnages à gaspiller

Une bonne adaptation inclut forcément quelques prises de liberté ! Un portage pur et simple d'une oeuvre d'un média à un autre serait au mieux ennuyeux, et paraîtrait au pire "incomplet". Tout simplement parce que les grandes oeuvres narratives savent user au mieux des forces, faiblesses et caractéristiques spécifiques de leur support.
En terme simple : ce qu'il est possible de faire pour raconter une histoire en BD ne l'est pas forcément au cinéma. Et les meilleures BD sont justement celles qui jouent de ce langage propre à leur forme...

Donc, vous l'aurez compris, je suis pour les prises de liberté dans les adaptations de mes bande dessinées préférées. Je les juge même nécessaires.

Et pourtant, c'est bien -au moins en partie- à cause de ces prises de liberté que je roupille devant Marvel's Agents of S.H.I.E.L.D., la série au titre énervant à écrire (et qu'on appellera donc "AOS" à partir de maintenant) sensée "faire le lien" entre les différentes productions cinématographiques de Marvel Studios.
Bref, une immense publicité, à qui on ne devrait peut-être pas trop en demander...

Mais une chose m'agace au plus haut point : pourquoi diable AOS continue d'ajouter de nouveaux personnages inédits dans chaque épisode ?
Avec 76 ans au compteur et des dizaines de milliers de personnages à son actif, on pourrait penser que Marvel irait piocher dans son riche catalogue pour étoffer les intrigues, le casting et la mythologie de AOS, non ? Eh bien non.

L'un des deux est un super-vilain stylé, l'autre est un petit chauve qu'on aimerait bien oublier.

En Saison 1, les seuls personnages de AOS pré-existants dans les comics étaient, en vrac : Deathlok, Sif, Laureleï, Graviton, Maria Hill, Victoria Hand et Blizzard... Des seconds couteaux qui se voyaient, pour la plupart, défigurer voir tourner en ridicule (Graviton et Blizzard seront d'ailleurs rapidement cachés sous le tapis).
En début de Saison 2, l'espoir renaissait ! En plus d'une formule re-dynamisée par les événements de Captain America : The Winter Soldier, on voyait d'autres vrais personnages Marvel rejoindre le casting : Mockingbird, Calvin Zabo, Daniel Whitehall, Glenn Talbolt, l'Homme-Absorbant, des Krees, l'Hydra... Dans des versions bien plus proches de leurs homologues papier que ce à quoi la série nous avait habitués.

Croyez le ou non, mais l'actrice qui jouait Wonder Woman dans le pilote de la honte relève le niveau général. Si si...

Les choses s'améliorent, me direz vous ?

Eh bien non. La seconde partie de la Saison 2, diffusée actuellement, est une catastrophe. On nous présente une version parodique des Inhumains (Attilan devient... un camping de bungalows) et tous les ajouts de personnages sont des inventions totales et, autant ne pas se voiler la face, complètement ratées : de l'insupportable Raina à l'insipide bonhomme qui fait de l'électricité statiques, ces sous-X-men nous rendent rapidement nostalgiques des intrigues sur l'Hydra.
Même les sympathiques ajouts du début de saisons ont soi disparus, soi été dénaturés au point d'en devenir insipides !

Ils vous font penser à Frank Dubosc, vous ?

Mais pourquoi ne pas simplement utiliser les V.P.M. (Vrais Personnages Marvel) ? Ceux qui ont déjà convaincu en version papier, et que les fans seront, de toutes façons, ravis de voir à l'écran ?

Réponse des producteurs : parce qu'utiliser un personnage à la télé revient à le "gaspiller" ; plus possible ensuite de l'utiliser à la télévision. Et on le sait, tous les personnages des bande-dessinées Marvel sont si "banckable" que ce serait dommage d'en sacrifier une poignée...

Vraiment, ils le sont tous ? En tout cas, c'est vraiment ce que semblent penser les dirigeants de Marvel Studios, puisqu'ils n'ont même pas daigné offrir quatre pauvres super-vilains V.P.M. de seconde zone à l'équipe d'AOS pour constituer une menace digne de ce nom dans un récent épisode de la saison 2...

Dans l'ordre on a : un mec fort en ordinateur, un bonhomme ventripotent mais un peu costaud, Calvin Zabo (Mister Hyde, le seul VPM de la bande, donc le chef), une dame qui a des aiguilles qui lui sortent des doigts et un monsieur très sale qui fait s'évanouir tout le monde lorsqu'il crie (non non, pas parce qu'il a mauvaise haleine).

Quitte à créer de toutes pièces des personnages pour la série, pourquoi en créer des aussi pourris ? Pourquoi aussi ne pas faire dans l'originalité, plutôt que de répéter des schémas déjà surexploités dans les comics (Flèche Noire, le roi des Inhumains dans les comics, a aussi la capacité de faire des dégâts lorsqu'il se sert de ses cordes vocales, sauf que lui a la classe) ?
Autant d'interrogations qui semblent n'avoir pour réponse qu'un certain manque de compétence à un moment ou à un autre de la chaîne de production. Quelqu'un dans l'équipe d'AOS prend des décisions nulles et fout la honte à tous ses collègues !

Après l'éclaircie temporaire de première moitié de saison 2, je m'ennuie à nouveau devant AOS. Néanmoins, je me refuse à tirer sur l'ambulance sans filer un coup de main... Alors voici une liste de quelques VPM qui jamais (JAMAIS) ne seront assez bankable pour le cinéma, et que tu peux donc utiliser en toute quiétude, AOS, c'est cadeau.

Du côté des gentils :
- Rage : Avenger d'un jour à la force surhumaine. Tout le monde pensait qu'il serait dans le premier épisode d'AOS, à une époque...
- Gravity : maintenant qu'une technologie de contrôle de la gravité à été introduit dans la série, pourquoi pas ?
- Swamp Thing : en dehors d'un téléfilm tous les 10000 ans, peu de chances que ça devienne une star, mais ça pourrait faire un super épisode spécial épouvante.
- Kill Skrull Krew : ou plutôt "Kill Chitauri Krew" dans cet univers.
- Rick Jones : une évidence.
- Abigail Brand : où est-elle ?!
- Power Pack : vraiment ? Eux aussi vous les gardez de côté pour plus tard ?

Mais aussi Ka-Zar, Shanna, Dragon Man/Dragon Lord, Alpha Flight, Two-Gun Kid, Darkhawk, Black Goliath, Pip le Troll, Jack de Coeur, 3D Man, Rom, Sleepwalker, le Tigre Blanc, Manifold...

Trop bankable pour la TV

Du côté des méchants :
- Melter, le Fondeur : un ennemi d'Iron-man qui fait... fondre des choses. Il y a une probabilité de 0,00001% que ce soit lui le méchant de Iron-man 4.
- L'Homme Radioactif : vaguement un cliché anti-Chine qui affronte Thor une fois par million d'années.
- Pete-pot de colle / Le Piégeur : il existe ! Il colle des choses.
- Unus l'intouchable : un mutant qui crée un champ de force, mais que autour de lui-même. Et il s'appelle presque "anus".
- Madame Masque : en espérant que l'agent 33 de AOS n'est pas la Madame Masque de cet univers...
- Le Comte Néfaria : assez bad ass pour être le grand méchant d'une saison.

Mais aussi Fixer, Hammerhead, Tombstone, Paladin, DiamondBack, Constrictor, la Gargouille Grise, le Laser Vivant, Zzaxx, le Faucheur, Immortus, les fantômes de l'espace, les hommes de lave, Princesse Python, Thundra, Madame Hydra, Ulik, les Wendigos, l'homme aux échasses, l'homme molécule, RazorFist, Armadillo, Vermin, Mandrill, Controller, Unicorn, la Dynamo Pourpre, Nitro, Scourge, Mister Fear, Cyclone, Yelena Belova... Ou encore "Goody Two-Shoes", fier détenteur de "botes atomiques"...

Je ne pense pas que la Fox défendrait jalousement les droits d'exploitation de ce personnage...

Du côté des organisations/groupes, qui pourraient concurrencer le SHIELD :
- Les Démolisseurs : groupe de super-vilains que le public attend.
- Les U-Foes : des méchants super-vilains manipulateurs d'énergie.
- La société du serpent : des ennemis classiques du SHIELD !
- Le Zodiaque : la société du serpent en pire !
- Le Kraken : l'Hydra soviétique !

Mais aussi le SWORD, le HAMMER, les Headmen, le Projet Pégase, Roxxon, Damage Control...

"-En l'absence de bons ennemis pour le SHIELD, je propose qu'en saison 2, le SHIELD affronte... Le SHIELD.
- Si seulement t'étais pas la fille du patron, Ginette !"

Et ça, ce sont juste ceux qui me viennent automatiquement à l'esprit, et qui n'appartiennent pas spécifiquement aux univers des Quatre Fantastiques, de Spider-man ou des X-men...

Mais sinon, allez-y, vous avez raison... Continuez de racler les fonds de tiroir au point de faire de Deathlok un des héros !

Enfin, moi, je dis ça... Je ne sais pas vraiment de quoi je parle.